François De Smet

Bonjour,
Je vous remercie pour votre courriel qui a retenu ma plus grande attention.
Les circonstances du décès de la petite Mawda étant particulièrement tragiques, il nous semble primordial qu’une analyse approfondie de cet incident soit réalisée pour que les responsabilités de chacun soient soigneusement circonscrites et définies. C’est le rôle de la procédure judiciaire actuellement en cours.
Toutefois, et nous nous rallions à la vision du Parquet à cet égard, nous avons conscience que plusieurs questions resteront sans réponse à l’issue du procès, notamment des considérations d’ordre structurel et institutionnel qui requièrent un travail réflexif très important, qui ne peut en aucun cas être mené par nos cours et tribunaux. C’est dans cette perspective que nous nous inscrivons.
Nous entendons, avec intérêt par ailleurs, votre demande visant à l’institution d’une commission d’enquête parlementaire. Nous trouvons l’idée intéressante et serions prêts à y souscrire.
Nous plaidons cependant, si une telle commission devait voir le jour, pour l’élargissement de son mandat, afin de ne pas limiter celui-ci à ce seul drame. Il nous paraît en effet opportun d’entamer une réflexion plus large à l’aune des différentes affaires impliquant des violences entre la police et les citoyens, dont la confiance mutuelle semble s’être sensiblement dégradée ces dernières années. Mawda, à l’instar de Mr. Chovanec, Adil ou Ibrahima, met en lumière de profonds dysfonctionnements dans la conception que nous avons des forces de l’ordre.
Une telle commission pourrait se réunir par exemple autour de la thématique des conditions de la légitimité de l’usage de la force par notre police, qui semble être le point commun de tous ces incidents. Quoiqu’il en soit, ces questions devront être précisément circonscrites si l’on souhaite produire des recommandations claires et efficaces.
Pour sa part, DéFI porte une grande attention à la relation entre les citoyens et les services de police et a d’ailleurs formulé plusieurs recommandations à cet égard à différents niveaux de pouvoir. Je pense notamment à la généralisation de l’usage des bodycams ou au refinancement des services de police pour garantir davantage de proximité avec les citoyens. A la Région bruxelloise, nous avons par ailleurs soutenu la proposition de résolution du 1 décembre 2020 qui formule des recommandations spécifiques visant à améliorer les relations réciproques entre les citoyens et la police. Ces différentes initiatives sont des pistes de réflexion concrètes qui nous paraissent être des solutions réalistes pour résoudre ces problèmes.
Si nous avons conscience de l’immensité de la tâche à accomplir, nous plaiderons encore et encore pour que des réformes soient adoptées afin que de tels drames ne se reproduisent plus
Je reste à votre disposition pour tout suivi utile que vous jugerez bon d’apporter au dossier et vous prie d’agréer l’expression de mes meilleurs sentiments.
Bien cordialement,
François DE SMET